La Résurrection : mythe ou réalité ?
Enquête historique.
Le récit évangélique de la Résurrection de Jésus est connu dans le monde entier. Mais quelle est la nature de ce récit ?
Mythe ou réalité ?
Quelle est la valeur historique des Évangiles et de l'existence de Jésus ?
Jésus a-t-il réellement existé ?
C’est une question qui n’est plus véritablement posée aujourd’hui. Si le philosophe Michel Onfray relance le débat, aucun historien sérieux ne s’y aventure…
Précisément parce qu’en appliquant une stricte méthode historique, la question de l’existence historique de Jésus a une réponse claire.
Qu’est-ce qui constitue l’historicité d'un événement aux yeux des historiens ?
Il faut plusieurs sources
Dans le cas de Jésus, de nombreux livres du Nouveau Testament évoquent son existence, à commencer par les quatre Évangiles. Ce sont autant de sources différentes. Le fait que ces Évangiles, qui reprennent les canons des biographies antiques d’hommes illustres, semblent se contredire sur certains points factuels, tend paradoxalement à en renforcer l'authenticité. On n'a pas cherché, à tout prix, à harmoniser les récits pour en effacer les différences.
La qualité des sources
La qualité des sources est également importante : un texte écrit il y a un millénaire, ou même quelques siècles après les faits, sans source, sera légèrement suspect, non ?
Si l'on vous dit aujourd’hui que Jésus était empereur de Tombouctou sans preuve, ça fait un beau roman, mais pas une source sérieuse pour le travail historique.
En l’occurrence, les Évangiles sont écrits quelques décennies après la fin de sa vie terrestre (années 70-90 de notre ère - et même les années 40 pour les premières lettres de saint Paul !) et le processus de rédaction est achevé à la fin du premier siècle. Cela fait des Évangiles une source très fiable.
Des sources de types différents
Un historien rigoureux répondra que ces multiples sources ne suffisent pas, car il faut des sources de types différents. Or, les Évangiles sont d’un seul type, des biographies écrites par des croyants, visant à répandre la foi.
Mais on a de la chance parce que Flavius Josèphe, historien juif pharisien qui écrit à la Cour de Rome à la fin du premier siècle, relate dans ses livres des événements survenus en Terre Sainte et parle de Jésus, de Jean-Baptiste et de Jacques.
Ce passage des Antiquités juives concernant Jésus est appelé le Testimonium Flavinium et règle définitivement la question, puisqu’on tient là une source d’un type différent.
Même les Juifs qui n'ont pas cru à la résurrection de Jésus n'ont jamais remis en doute son existence.
Si l'on s'en tient à la méthode historique, le débat sur l'existence de Jésus est largement clos. Oui, Il a existé.
Les limites de la méthode historique
Testons la méthode historique sur le sujet vraiment décisif : est-ce que la résurrection du Christ est un événement historique ?
Si c’est bien le cas, toutes les autres affirmations de la foi (le fait qu’il soit Dieu, tous les miracles qu’il a accomplis ou encore la conception virginale de Jésus) sont aussi possibles.
Appliquons les 3 points de la méthode historique à cet événement
- On a plusieurs sources fiables et diverses (les 4 Évangiles mais aussi les épîtres pauliniennes) qui évoquent la résurrection du Christ. Les deux premiers points sont donc bons.
- Problème : si Flavius Josèphe mentionne que des disciples ont vu Jésus ressuscité, Flavius ne précise pas l’avoir vu lui-même et ne se prononce pas sur ce sujet. Son témoignage nous indique donc que la croyance en la Résurrection était vive et centrale quelques décennies après la mort de Jésus, mais ne nous offre pas une source extra-biblique nécessaire pour attester en parfaite rigueur scientifique de l’historicité de cet événement.
Oui mais non, parce qu’il suffit de réfléchir deux secondes pour s’apercevoir que si un historien l’avait vu ressuscité et l’attestait dans un écrit, on l'aurait suspecté d’être un de ses disciples.
Pourquoi ? Si vous voyez un homme mort, qui ressuscite et qui vous dit qu’il est Dieu, normalement vous changez de vie, vous devenez disciple et, du coup, votre ouvrage sera suspect et de la même teneur que les Évangiles…
C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Il apparaît donc logiquement impossible qu’une telle source existe.
Dans Le problème de Jésus, Jean Guitton (académicien, philosophe, 1901-1999) écrit:
« J’appelle historique ce qui est réellement arrivé dans le monde extérieur aux esprits, ce qui est événementiel et non seulement conscientiel.
Et, en un second sens, plus profond, j’appelle historique ce qui, étant arrivé, suscite chez les hommes animés par l’idée de vérité l’attitude de l’attestation.
Et j’appelle enfin historique, en un troisième sens plus profond encore, ce qui a été affirmé par divers témoins indépendants les uns des autres dans des conditions telles que l’accord de leurs témoignages ne peut s’expliquer ni par l’influence de l’un sur l’autre ni par le hasard.
C’est dans ce sens-là que je crois pouvoir dire que la Résurrection se présente comme historique.
Ce que j’ai remarqué au sujet du Tombeau vide et des apparitions (et surtout de leur rapport réciproque) me porte à penser que je suis ici en présence d’une réalité ayant le caractère d’un événement, bien que ce soit plutôt un TRANS-événement, je veux dire : un événement qui, quoique dans ce monde, n’est pas seulement de ce monde. »
Jean Guitton, Le problème de Jésus. Divinité et résurrection, Paris : Aubier, 1953.