Pilote de chasse, banquier… Ils avaient un super job et sont devenus prêtres

90 : c'est le nombre d'hommes qui s'apprêtent à recevoir le sacrement de l'ordination sacerdotale en France, au mois de juin 2025. Parmi eux, 64 prêtres diocésains, 25 religieux et membres de communautés et un membre de société de vie apostolique. Et si pour certains la prêtrise a été rapidement une évidence, d'autres ont expérimenté des chemins différents avant de consacrer toute leur vie à Dieu. Comme certains de leurs confrères précédemment ordonnés, ils ont choisi de faire une croix sur une carrière pourtant prometteuse et passionnante. Baryton, banquier d’affaires, commercial à Londres, chef cuisinier ou encore archéologue : tous ont choisi de tout quitter pour répondre à un appel intérieur plus fort que les promesses de réussite ou de confort matériel. À travers une conversion soudaine, une expérience spirituelle bouleversante ou une lente maturation, ils ont discerné une vocation sacerdotale inattendue au prix de renoncements.
1THIERRY FÉLIX : BARYTON

Thierry Félix, baryton international reconnu, a abandonné une brillante carrière musicale pour devenir prêtre. Passionné de musique dès l’adolescence, il s’illustre dans le chant lyrique et remporte le prestigieux concours Reine Élisabeth en 1992. Il chante dans les plus grandes salles du monde durant vingt ans. Mais peu à peu, sa foi chrétienne grandit, nourrie par la musique sacrée qu’il interprète. Une première messe à Saint-Gall bouleverse sa vie et l’amène à se convertir et se faire baptiser. À Belle-Île, il s’éloigne du monde de la scène, aide la paroisse et découvre une nouvelle vocation. Une expérience mystique à Sainte-Anne d’Auray confirme son appel. Ordonné diacre en 2013, il devient prêtre six ans plus tard, en 2019, dans le diocèse de Vannes. "Lorsqu’on est chanteur, on est très seul. On est adulé à la fin des concerts mais, une fois sorti de scène, on se retrouve seul dans sa chambre d’hôtel à l’autre bout du monde", confiait-il à Aleteia en 2019. "On est constamment obligé de faire attention à sa voix. C’est une vie très difficile. Aujourd’hui, je célèbre la messe et c’est bouleversant. Je sens la présence de Dieu qui descend sur l’autel. C’est énorme !"
2XAVIER LAPORTE WEYWADA : BANQUIER D’AFFAIRES

Xavier Laporte Weywada, diplômé d’une école de commerce, était banquier d’affaires à la BNP Paribas, menant une vie confortable entre Paris, New York et Budapest. À 28 ans, il ressent pourtant un vide intérieur et décide de prendre un congé sabbatique pour produire un film, Fool Moon, une comédie avec Bruno Salomone et François Morel, projetée dans 70 salles en France. Cette incursion réussie dans le cinéma le détourne définitivement du monde de la finance. Mais c’est en 2008, en croisant une procession religieuse à Paris, qu’il vit un choc spirituel décisif. Il suit la foule jusqu’à une messe du pape Benoît XVI et ressent un profond appel. Il entame alors une année de discernement en Bretagne, puis cinq ans d’études à Notre-Dame de Vie, près d’Avignon. Malgré l’incompréhension de ses proches, il se prépare sereinement à la prêtrise. Ordonné en 2016 pour le diocèse de Vannes, il est aujourd'hui recteur de la paroisse d'Arzal.
3STÉPHANE ESCLEF : CUISINIER

4MAXENCE CAPUTO : ARCHÉOLOGUE

5JASON NIOKA : JUDOKA PROFESSIONNEL

6PHILIPPE LE VERT : PILOTE DE CHASSE

À 70 ans, Philippe Le Vert a été ordonné diacre en vue de la prêtrise en octobre 2024, dans le diocèse de Valence. Ancien pilote de chasse, il a servi la France pendant 30 ans avant de consacrer sa vie à l’Église. Veuf depuis 2020, il a ressenti l’appel au sacerdoce un mois après le décès de son épouse Christine, après 44 ans de mariage. Père et grand-père, il a discerné cet appel en famille, avec l’accord de sa fille et de ses petits-enfants. Ce n’est pas sa première expérience d’abandon à Dieu : à 10 ans, sauvé miraculeusement d’une noyade à Tahiti, il avait déjà prié : "Que ta volonté soit faite". Après deux ans d’études théologiques, il est aujourd’hui en insertion dans une paroisse à Valence. Il témoigne d’une foi mûrie par l’épreuve et nourrie d’une paix intérieure profonde. "Je me laisse guider. Et heureusement qu’on n’écoute pas toutes mes réticences ! Le Bon Dieu a une belle pédagogie !".
7HUGUES DE WOILLEMONT : COMMERCIAL CHEZ HUMEX

8JEAN NIELLY : COMMANDANT DANS LA MARINE

Avant d'être à la tête de sa paroisse, le père Jean Nielly était à la tête... d'un navire. Issu d’une famille de marins brestois, il suit l'itinéraire de son père en servant dans la Marine, dans laquelle il passera 12 ans, jusqu'à obtenir le grade de commandant. "Ce que je recherchais dans la Marine, c’était exercer un métier au service des autres, avec une ouverture sur le monde. Il me passionnait mais ne me comblait pas dans mes attentes".
9NICOLAS HAREL : PROFESSEUR D'HISTOIRE GÉOGRAPHIE

Depuis octobre 2022, le père Nicolas Harel est curé de la paroisse de Clisson (Loire-Atlantique), qui regroupe huit clochers. À 44 ans, ce Nantais a changé de vie après dix ans d’enseignement de l’histoire-géographie. Si la vocation était ancienne, c’est à 34 ans qu’il a finalement répondu à l’appel, quittant donc la salle de classe pour la sacristie et l'église ! "J'enseigne toujours, mais de manière très différente, par la prédication, quand je rencontre les jeunes. Et puis, toute ma vie est un enseignement parce que je dois rayonner de la joie de Dieu", confiait-il ainsi à France Bleu.
10SÉBASTIEN SORGUES : ENSEIGNANT CHERCHEUR

Vicaire de la paroisse Saint-Honoré d’Eylau depuis septembre 2021 et aumônier de l’école Saint-Honoré et de l’Université Paris Dauphine, le secteur de l'enseignement n'a pas de secret pour le père Sébastien Sorgues, enseignant-chercheur en chimie physique jusqu'en 2013 à l'université Paris-Saclay.