Née dans une modeste famille d’agriculteurs à La Pierra, dans la campagne de Siviriez, à Fribourg (Suisse), Marguerite Bays se sanctifie d’abord dans sa propre famille, affrontant avec patience et bonté les contradictions et les tensions des siens.
Elle devient couturière. Désirant offrir sa vie pour le Christ, elle entre dans le tiers ordre franciscain. Jour après jour, elle réalise un apostolat de la charité sans pareil dans son milieu social. En effet, chaque jour, Marguerite puise dans la prière et l’eucharistie la force de l’attention et de l’amour portés en faveur des plus pauvres, des orphelins, des enfants illégitimes, etc. On la rencontre à l’église de son village ou à l’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu, où elle passe de longs moments en oraison. Jésus, Marie et saint François d’Assise sont ses modèles absolus.
Peu à peu, elle étend son champ d’intervention en donnant des cours de catéchisme et en conseillant celles et ceux qui frappent à sa porte. Sa sainteté est celle de la « porte d’à côté », comme l’a souligné le pape François. L’humble couturière de Siviriez est un modèle de sainteté contemporaine, celle d’une femme du peuple semblable à toutes mais dont la foi est capable de déplacer les montagnes : une sainte populaire.
Marguerite a une vie mystique d’une rare intensité. On vient à elle de partout, parfois depuis l’étranger, afin de bénéficier de ses charismes extraordinaires : connaissance, discernement, prophétie. À partir de 1854, elle revit la Passion chaque vendredi et porte désormais les stigmates du Christ. Ces marques traduisent une union avec Jésus extrêmement forte.
L’événement tragique qui débouche sur le miracle remonte au 6 mars 1998. Avec l’aide de ses petits-enfants, Norbert Baudois, citoyen helvétique de la région de Fribourg, retire les barrières pare-neige autour du domaine familial. Virginie, vingt-deux mois, et sa sœur âgée de huit ans, sont assises sur le tracteur. Subitement, la petite perd l’équilibre et chute. Le grand-père ne peut stopper l’engin. La grosse roue écrase l’enfant sur toute sa longueur, « tête comprise ». Lorsque Norbert prend sa petite-fille dans les bras, celle-ci est inerte et ne montre plus aucun signe de vie. Mais, quelques secondes plus tard, Virginie commence à pleurer bruyamment ! Sainte et sauve, elle a été préservée miraculeusement. Aussitôt, Norbert remercie Marguerite Bays à haute voix.
« Elle devait être écrabouillée, morte. Cela ne pouvait pas être autre chose qu’un miracle », affirme-t-il. En effet, cela en est un. Depuis bien des années, l’agriculteur et son épouse Yvonne prient chaque soir Marguerite Bays. On transporte immédiatement Virginie à l’hôpital de Billens et on prévient ses parents qui, ce jour-là, sont au Salon de l’agriculture à Paris. Norbert est convoqué à l’hôpital car les médecins refusent de croire à cette histoire. Éliane Baudois, la mère de Virginie, rentre le lendemain en TGV. Celle-ci s’effondre en larmes lorsqu’on lui montre l’habit de sa fille, sur lequel on voit clairement les traces de roue du tracteur.
L’hôpital de Billens est en ébullition : les analyses ont révélé que Virginie ne souffre d’aucun traumatisme ; ni les organes internes ni le squelette ne sont touchés. Seuls quelques bleus sans importance causés par la chute sont visibles. Virginie est gardée trois jours en observation, au terme desquels les médecins hospitaliers sont forcés d’admettre que l’horrible accident n’a laissé ni séquelle ni handicap.