Sœur Catherine, née Zoé Labouré, vient au monde le 2 mai 1806 dans un petit village de Bourgogne, en France, Fain-les-Moutiers. Elle est la huitième des dix enfants de Pierre et Madeleine Labouré, propriétaires fermiers.
La mort de Madeleine, à 46 ans, plonge la famille dans le deuil. Catherine a alors 9 ans ; en larmes, elle monte sur une chaise pour embrasser la statue de la Sainte Vierge et dit : « Maintenant, tu seras ma maman ».
En ce triste automne 1815, Zoé et Tonine, sa petite sœur, quittent la ferme natale pour Saint-Rémy, une localité voisine, où une tante les recueille. Catherine se sent doublement orpheline : la mort de sa mère l’éloigne aussi de son père.
Deux ans plus tard, Pierre Labouré, embarrassé par le départ de son aînée, Marie-Louise, chez les Filles de la Charité, rappelle les deux fillettes, toutes heureuses de retrouver le toit familial. Catherine fait sa première communion le 25 janvier 1818.
Une grande ferveur l’habite. « Elle n’était plus de la terre, dira Tonine, elle était toute mystique ! ». Une mystique bien réaliste ! Voilà Catherine promue à 12 ans maîtresse de maison. Elle fait face à tout avec calme et compétence : les repas des ouvriers des champs, l’entretien du potager et du verger, le poulailler, le colombier aux 800 pigeons, la traite des vaches, la distribution du fourrage ; chaque semaine elle fait le pain, la lessive, et le marché !
Avec tous, Catherine est gentille et bonne, aimable et douce, elle cherche toujours à mettre la paix. Son caractère sérieux, modeste et grave, est mûri par l’épreuve et les responsabilités.
L’objet des ses soins les plus attentifs, c’est Auguste, son petit frère resté infirme après une chute. Et chaque jour Catherine se rend à l’église pour prier, dans la chapelle de la Vierge restaurée par la famille Labouré. Depuis la Révolution, l’église est sans prêtre, le tabernacle est vide.
Patiente dans les obstacles
Catherine ne se contente pas de prier. Elle visite les malades, secourt les pauvres. Elle sent que Dieu l’appelle, mais elle ne sait ni où ni comment. Et voici qu’une nuit, elle fait un rêve mystérieux : un vieux prêtre s’avance dans l’église pour célébrer la messe ; son regard s’arrête plusieurs fois sur la jeune fille qui part ensuite visiter un malade ; quand le même prêtre la retrouve à la sortie, il lui dit : « Ma fille, c’est bien de soigner les malades. Un jour, vous viendrez à moi. Dieu a des desseins sur vous. Ne l’oubliez pas ! ».
Catherine se réveille, la joie au cœur.
Mais à 18 ans, elle ne sait toujours ni lire ni écrire. Elle obtient de son père d’entrer au pensionnat de Châtillon-sur-Seine dirigé par une cousine. Un jour, se rendant à la maison des Filles de la Charité toute proche, que voit-elle au mur du parloir ? Le portrait du prêtre vu en songe ! « C’est notre Père saint Vincent de Paul », lui explique une sœur.
Catherine comprend : elle sera Fille de la Charité.
Après un court séjour en pension, où la jeune fermière est mal à l’aise avec des demoiselles plus raffinées qui lui font sentir leur mépris, elle revient à Fain, où elle se remet à la tâche.
Le 2 mai 1827, jour de sa majorité, Catherine déclare à son père sa vocation. Il refuse avec éclat. Il veut la marier mais Catherine refuse les beaux partis.
Au printemps 1828, Pierre Labouré, de dépit, exile sa fille à Paris où elle servira dans le restaurant de son frère… Après le refus, le renvoi : double blessure pour Catherine.
L’épreuve dure un an. Son père finit par se laisser fléchir. Catherine revient à Châtillon et en janvier 1830 commence son postulat chez les Filles de la Charité.
Trois mois plus tard c’est le départ pour le Séminaire de Paris. Le rêve est devenu réalité !
Simple dans les faveurs célestes
Trois jours après son arrivée à la Maison Mère des Filles de la Charité, Catherine participe avec les 110 autres novices au transfert solennel du corps de saint Vincent de leur chapelle (140 rue du Bac) à celle des Prêtres de la Mission, (95 rue de Sèvres).
En ce dimanche 25 avril 1830, une grand’messe pontificale est célébrée à Notre-Dame par le Nonce apostolique. Une foule immense entoure l’archevêque et douze évêques devant la châsse d’argent. Une procession solennelle traverse Paris. Quelle joie pour Catherine de faire cortège au prêtre de sa vocation !
Dans la semaine qui suit, Catherine va souvent prier à la chapelle Saint-Vincent et quand elle revient rue du Bac, elle passe se recueillir un instant devant un reliquaire du cœur du Fondateur.
Trois jours de suite, le cœur de saint Vincent lui apparaît comme une image : d’abord blanc, signe de paix et d’union ; puis rouge, feu de la charité qui doit embraser les cœurs dans les deux congrégations, enfin noir, présage des malheurs imminents qui vont fondre sur la France.
Catherine reçoit la promesse que les deux familles ne périront pas. Elle confie ces visions au Père Aladel, lazariste. Il est sceptique, mais quand surviennent les journées révolutionnaires de juillet avec leur cortège de violences, il est un peu ébranlé…
Catherine voit aussi, pendant tout le temps de son Séminaire, le Christ présent dans l’hostie, « sauf quand je doutais » dit-elle.
Le 6 juin, jour de la Sainte Trinité, la vision vire au noir, « Notre Seigneur m’apparut comme un Roi, avec la Croix sur sa poitrine… Subitement tout a coulé à terre ». Catherine se confie encore au Père Aladel. Pas d’écho.
Catherine a vu M. Vincent, elle a vu Notre Seigneur…mais elle n’a pas vu la Sainte Vierge. Son désir va être comblé. Trois apparitions vont se succéder : le soir du 18 juillet, le 27 novembre et un jour de décembre 1830.
Charitable dans le service
Le 30 janvier 1831 le séminaire s’achève. Catherine est nommée dans la communauté de l’Hospice d’Enghien, dans la commune de Reuilly, faubourg déshérité du sud-est de Paris.
Sœur Catherine est affectée à la cuisine où elle retrouve vite les tours de main de la ferme et du restaurant ! Son seul tourment : elle aime donner largement, mais la sœur qui est cuisinière en titre est parcimonieuse. Sa patience est mise à rude épreuve. Deux ans après c’est la lingerie : lessive, repassage, raccommodage.
Puis, c’est le service des vieillards. Elle les aime et elle en est aimée. Solide et ferme, elle sait se faire respecter. Elle est bonne même avec les plus désagréables, elle se prive de sommeil pour les assister dans leur agonie et tous ceux qu’elle veille trouvent la paix. Elle est aussi à la loge, où elle accueille les pauvres qu’elle aime tant.
Le 3 mai 1835, Catherine fait ses vœux. Mais ce beau jour est voilé d’une ombre, car sa sœur aînée Marie Louise a quitté la Compagnie des Filles de la Charité, brisée par l’injustice d’une calomnie.
Catherine est aussi attentive aux domestiques. Elle rend visite à une petite lingère de 20 ans tombée malade à son arrivée, et lui apporte un édredon, de l’élixir. Enfin, elle est un havre pour les Sœurs nouvelles venues, donnant avec cœur aux débutantes des conseils pleins d’expérience profonde et pratique. Elle est pour elles une référence, et un recours toujours disponible.
Présente sur tous les fronts, Catherine ne ménage pas ses forces. Pourtant on fait peu de cas de sa personne, on la tient pour quantité négligeable. On la traite même de sotte… Mais sa fidélité est totale, elle défend l’autorité de sa supérieure, même quand elle est traitée sévèrement.
Humble dans la mission
Catherine protège son secret avec efficacité. C’est sans rien laisser paraître, qu’en 1832, elle reçoit la médaille dans sa communauté. Comblée au-delà de toute attente par les miracles qui accompagnent les premières distributions, elle n’est pas grisée par le succès dont elle est l’instrument. Si elle réussit à déjouer la curiosité, elle sait cependant défendre l’authenticité des apparitions.
Entendant dire : « Cette sœur qui prétend avoir vu la Sainte Vierge n’a sans doute vu qu’un tableau », Catherine répond d’une voix ferme : « Ma chère, la Sœur qui a vu la Sainte Vierge l’a vue en chair et en os, comme vous et moi ! ».
Catherine reste présente à sa famille, dont elle porte les soucis et les joies. Quand son père meurt dans la solitude, en 1844, elle a le cœur meurtri ; mais quelle joie quand Marie Louise est réintégrée en 1845 chez les Filles de la Charité !
Elle soutient Tonine pour qui les catastrophes se succèdent, convertit son beau-frère mourant, assiste ses frères à leur mort, se réjouit de voir sa nièce reçue aux Enfants de Marie, et son neveu Philippe ordonné prêtre chez les Lazaristes !
En 1848, une vision s’impose soudain à Catherine : il faut dresser une croix monumentale dans Paris ; elle sera en grande vénération, on y viendra de toute la France et des pays les plus éloignés, par dévotion, en pèlerinage, et par curiosité. Catherine soumet sa vision au P. Aladel. Sans succès.
Elle se sent pressée de tout mettre par écrit et termine sa lettre en se disant « toute dévouée au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie ».
Catherine n’est pas satisfaite. L’apparition n’est toujours pas commémorée et manquent encore dans la chapelle l’autel et la statue de la Vierge au Globe. « C’est le martyre de ma vie » a-t-elle dit.
Confiante dans la tourmente
Pendant les journées révolutionnaires de juin 1848, la bataille est acharnée et meurtrière. L’est de Paris se couvre de barricades. Les représailles sont atroces. L’hospice de Reuilly soigne les blessés des deux camps. En 1870, dans le désastre de la guerre contre la Prusse, Paris est assiégé. Catherine manifeste un calme total.
On attache la médaille aux portes et aux fenêtres de la maison, transformée en hôpital. La pénurie devient famine : on réserve les « douceurs » aux malades et aux blessés, les Sœurs sont réduites à la portion congrue, certains jours un morceau de pain noir après un travail harassant. La guerre civile menace. Catherine est sombre : « Mon Dieu, que de sang, que de ruines ! » mais elle reste confiante : « La Vierge veillera, elle gardera tout. Il ne nous arrivera aucun mal. » L’insurrection gagne tout Paris. Les cadavres s’alignent sur les trottoirs, mais parmi les sœurs pas de victimes…
Au printemps 1876, Catherine sent venir la fin prochaine. Elle en parle avec calme : « Je m’en vais au ciel » dit-elle.
Fin décembre, elle demande l’onction des malades, qu’elle reçoit en toute lucidité. « N’avez-vous pas peur de mourir ? » lui demande-t-on. Catherine s’étonne : « Pourquoi craindre d’aller voir Notre Seigneur, sa Mère et saint Vincent ?».
Le 31 décembre, Catherine reçoit la communion. Autour de son lit, on récite les prières des agonisants, on répète l’invocation de la médaille. Son dernier soupir est si doux qu’on l’entend à peine. On finissait les litanies de l’Immaculée Conception…
Dès le matin du 1er janvier, la rumeur suscite un défilé. Catherine attire « comme une sainte ». Ses membres restent souples. Ses funérailles ont lieu le 3 janvier, en la fête de sainte Geneviève, chère à M. Vincent.
Elle a vu la Sainte Vierge, elle a vu le Christ présent dans l’Eucharistie, elle a vu le cœur de saint Vincent de Paul… mais surtout elle a vécu l’Évangile au quotidien. Tout simplement…
Dans les jours qui suivent sa mort, le 31 décembre 1876, la foule se presse devant le cercueil de sœur Catherine. Une pauvre femme amène, dans une caisse montée sur roulettes, son fils de douze ans, infirme de naissance, qu’elle veut descendre dans le caveau ; et voici que l’enfant se relève sur ses jambes !
Le premier miracle de sainte Catherine est pour les pauvres…
Nuit du 18 juillet 1830
Le ciel est descendu sur la terre… De juillet à décembre 1830 sœur Catherine, jeune « novice » des Filles de la Charité, reçoit l’immense faveur de s’entretenir trois fois avec la Vierge Marie.
Le 18 juillet 1830, en la veille de la fête de saint Vincent qu’elle aime tant, Catherine recourt à celui dont elle a vu le cœur débordant d’Amour pour que son grand désir de voir la Sainte Vierge soit enfin exaucé.
À 11 heures et demie du soir, elle s’entend appeler par son nom.
Un mystérieux enfant est là, au pied de son lit et l’invite à se lever :
« La Sainte Vierge vous attend »
Catherine s’habille et suit l’enfant « portant des rayons de clarté partout où il passait. »
Arrivée dans la chapelle, Catherine s’arrête près du fauteuil du prêtre placé dans le chœur sous le tableau de sainte Anne (emplacement actuel de la statue de saint Joseph).
Elle entend alors « comme le froufrou d’une robe de soie ». Son petit guide dit:
« Voici la Sainte Vierge »
Elle hésite à croire. Mais l’enfant répète d’une voix plus forte :
« Voici la Sainte Vierge. »
Catherine s’élance aux pieds de la Sainte Vierge assise dans un fauteuil et appuie les mains sur les genoux de la Mère de Dieu.
«Là, il s’est passé un moment, le plus doux de ma vie. Il me serait impossible de dire ce que j’éprouvais. La Sainte Vierge m’a dit comment je devais me conduire envers mon confesseur et plusieurs autres choses.»
La Sainte Vierge désigne de la main l’autel où repose le tabernacle et dit:
« Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur.»
Catherine reçoit l’annonce d’une mission difficile et la demande de fondation d’une Confrérie d’Enfants de Marie.
Cette dernière sera réalisée par le Père Aladel le 2 février 1840.
27 novembre 1830
Le 27 novembre 1830, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Catherine dans la chapelle. Cette fois, c’est à 17h30, pendant l’oraison des novices, sous le tableau de saint Joseph (emplacement actuel de la Vierge au globe).
D’abord Catherine voit comme deux tableaux vivants qui passent, en fondu enchaîné, et dans lesquels la Sainte Vierge se tient debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant le serpent.
Dans le 1er tableau, la Vierge porte dans ses mains un petit globe doré surmonté d’une croix qu’elle élève vers le ciel. Catherine entend:
« Cette boule représente le monde entier, la France et chaque personne en particulier »
Dans le 2e tableau, il sort de ses mains ouvertes, dont les doigts portent des anneaux de pierreries, des rayons d’un éclat ravissant. Catherine entend au même instant une voix qui dit : « Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent ».
Puis un ovale se forme autour de l’apparition et Catherine voit s’inscrire en demi-cercle cette invocation en lettres d’or : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».
Alors une voix se fait entendre:
« Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle. Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces».
Enfin le tableau se retourne et Catherine voit le revers de la médaille : en haut une croix surmonte l’initiale de Marie, en bas deux cœurs, l’un couronné d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.
« Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle.
Les personnes qui la porteront avec confiance
recevront de grandes grâces ».
Décembre 1830
En décembre 1830, Pendant l’oraison, Catherine entend de nouveau un frou-frou, cette fois derrière l’autel. La Sainte Vierge se présente auprès du tabernacle, un peu en arrière et lui confirme sa mission. Elle dit : « Vous ne me verrez plus ». C’est la fin des apparitions.
Catherine confie tout cela au père Aladel, qui lui demande de ne plus penser à toutes ces « imaginations ».
D’ailleurs le séminaire s’achève. Catherine va quitter la rue du Bac. Le 5 février 1831 elle arrive à l’hospice d’Enghien, à Reuilly, un quartier pauvre de Paris.
Tout est fini … mais tout commence
Le ciel est descendu sur la terre. Une médaille a été donnée. Celle qui a vu la Sainte Vierge va pendant quarante-six ans servir Jésus-Christ dans les pauvres : vieillards de l’hospice, miséreux du quartier, blessés des révolutions et de la guerre. La médaille, réalisée en 1832, va connaître une expansion fulgurante. Elle se répand aux Etats-Unis (1836) en Pologne (1837), en Chine, en Russie (1838). Dix ans après les apparitions, elle est diffusée à plus de dix millions d’exemplaires.
La mission demandée au père Aladel prend forme aussi. Le 8 décembre 1838 naît à Beaune la première Confrérie d’Enfants de Marie.
L’association constituée le 2 février 1840, essaime un peu partout en province puis à Paris. Elle obtient, en 1847, l’approbation de Pie IX.
En 1848, le père Aladel publie un manuel des Enfants de Marie dont les éditions se succèdent à un rythme accéléré.
En 1969, l’Association prend le nom de Jeunesse Mariale, présente aujourd’hui dans le monde entier.
Le 8 décembre 1854 Pie IX définit le dogme de l’Immaculée Conception. Quatre ans plus tard, à Lourdes, une jeune bergère appelée Bernadette reçoit la visite d’une « belle dame », qui se fait connaître par son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ».
En vue de sa maternité divine, la Vierge Marie a donc reçu le privilège de sa conception immaculée. Préservée du péché originel, son corps ne pouvait connaître la corruption du tombeau.
Par le dogme de l’Assomption de Marie, Pie XII proclamait, le 1er novembre 1954, que Dieu a élevé la Sainte Vierge corps et âme à la gloire céleste.
Comme celui de Marie, mais à partir de la résurrection finale et non pas au terme de cette vie, notre corps est appelé à partager la gloire éternelle.
Médaille Miraculeuse
Dans cette chapelle choisie par Dieu, la Vierge Marie en personne
est venue révéler son identité à travers un petit objet,
une médaille, destinée à tous sans distinction !
En 431 le Concile d’Ephèse avait proclamé le premier dogme marial : Marie est mère de Dieu.
À partir de 1830, l’invocation « Ô Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous » qui monte vers le ciel, mille et mille fois répétée par mille et mille cœurs de chrétiens dans le monde entier, à la demande même de la Mère de Dieu, va produire son effet!
Le 8 décembre 1854 Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception : par une grâce spéciale qui lui venait déjà de la mort de son Fils, Marie est sans péché dès le début de sa conception. Quatre ans plus tard, en 1858, les apparitions de Lourdes vont confirmer à Bernadette Soubirous le privilège de la mère de Dieu.
Cœur Immaculé, Marie est la première rachetée par les mérites de Jésus Christ. Elle est lumière pour notre terre. Nous sommes tous, comme elle, destinés au bonheur éternel.
Quelques mois après les apparitions, sœur Catherine est nommée à l’hospice d’Enghein (Paris 12e) pour soigner les vieillards. Elle se met au travail. Mais la voix intérieure insiste : il faut faire frapper la médaille. Catherine en reparle à son confesseur, le Père Aladel.
En février 1832 éclate à Paris une terrible épidémie de choléra, qui va faire plus de 20.000 morts ! Les Filles de la Charité commencent à distribuer, en juin, les 2.000 premières médailles frappées à la demande du Père Aladel. Les guérisons se multiplient, comme les protections et les conversions. C’est un raz-de-marée. Le peuple de Paris appelle la médaille « miraculeuse ».
À l’automne 1834 il y a déjà plus de 500.000 médailles. En 1835 il y en a plus d’un million dans le monde entier. En 1839 la médaille est répandue à plus de dix millions d’exemplaires.
À la mort de sœur Catherine, en 1876, on compte plus d’un milliard de médailles !
Les mots et dessins gravés sur l’envers de la médaille expriment un message aux trois aspects intimement liés.
« Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».
L’identité de Marie nous est révélée ici explicitement: la Vierge Marie est immaculée dès sa conception.
De ce privilège qui lui vient déjà des mérites de la Passion de son Fils Jésus, le Christ, découle sa toute-puissance d’intercession qu’elle exerce pour ceux qui la prient.
C’est pourquoi, la Vierge invite tous les Hommes à avoir recours à elle dans les difficultés de leur vie.
Ses pieds sont posés sur une moitié de boule et ils écrasent la tête d’un serpent.
La demi-boule c’est le demi-globe terrestre, c’est le monde. Le serpent, chez les juifs et les chrétiens, personnifie Satan et les forces du mal.
La Vierge Marie est engagée elle-même dans le combat spirituel, le combat contre le mal dont notre monde est le champ de bataille. Elle nous appelle à entrer nous aussi dans la logique de Dieu qui n’est pas la logique du monde. C’est cela la grâce authentique de conversion que le chrétien doit demander à Marie pour la transmettre au monde.
Ses mains sont ouvertes et ses doigts sont ornés d’anneaux revêtus de pierreries d’où sortent des rayons qui tombent sur la terre en s’élargissant vers le bas.
L’éclat de ces rayons, comme la beauté et la lumière de l’apparition décrites par Catherine, appellent, justifient et nourrissent notre confiance dans la fidélité de Marie (les anneaux) envers son Créateur et envers ses enfants, dans l’efficacité de son intervention (les rayons de grâce qui tombent sur la terre) et dans la victoire finale (la lumière) puisqu’elle-même, première disciple, est la première sauvée.
La médaille porte sur son revers une initiale et des dessins qui nous introduisent dans le secret de Marie.
La lettre « M » est surmontée d’une croix.
Le « M » est l’initiale de Marie, la croix est la Croix du Christ. Les deux signes enlacés montrent le rapport indissoluble qui lie le Christ à sa très sainte Mère. Marie est associée à la mission du Salut de l’humanité par son Fils Jésus et participe par sa compassion à l’acte même du sacrifice rédempteur du Christ.
En bas, deux cœurs, l’un entouré d’une couronne d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.
Le cœur couronné d’épines est le Cœur de Jésus. Il rappelle l’épisode cruel de la Passion du Christ raconté dans les évangiles, avant sa mise à mort. Il signifie sa Passion d’Amour pour les Hommes.
Le cœur percé d’un glaive est le Cœur de Marie, sa Mère. Il rappelle la prophétie de Siméon racontée dans les évangiles, le jour de la Présentation de Jésus au temple de Jérusalem par Marie et Joseph. Il signifie l’Amour du Christ qui habite Marie et son Amour pour nous : pour notre Salut, elle accepte le sacrifice de son propre Fils.
Le rapprochement des deux Cœurs exprime que la vie de Marie est vie d’intimité avec Jésus.
Douze étoiles sont gravées au pourtour.
Elles correspondent aux douze apôtres et représentent l’Église. Être d’Église, c’est aimer le Christ et participer à sa passion pour le Salut du monde. Chaque baptisé est invité à s’associer à la mission du Christ en unissant son cœur aux Cœurs de Jésus et de Marie.
La médaille est un appel à la conscience de chacun, pour qu’il choisisse, comme le Christ et Marie, la voie de l’Amour jusqu’au don total de soi.
Histoire de la Médaille
Du bon usage d’une médaille…
Porter une médaille n’est donc pas de la superstition. Au Concile de Trente, en 1563, l’Église a fixé le bon usage des images, statues, médailles, scapulaires, rappelant aux chrétiens que, bien entendu, quand nous vénérons des images du Christ, de la Vierge et des Saints, nous ne mettons pas notre confiance dans les images.
L’honneur que nous leur rendons se rapporte à la personne qu’elles représentent.
Chose bien différente de la superstition, laquelle attribue à un objet un effet occulte, automatique mais vain. La médaille, née de l’apparition de la Sainte Vierge à Catherine en cette chapelle, n’est qu’une petite pièce de métal. Elle ne doit pas être considérée par nous comme un talisman ou une amulette au pouvoir magique, ce qui serait de notre part vaine crédulité.
Petit mémorial de l’Amour de la Vierge, elle nous aide à le garder vivant dans notre cœur et dans notre esprit, car nous avons la mémoire courte et la volonté défaillante !
La médaille, rappel de la foi qui nous est donnée, nous stimule à montrer notre reconnaissance par une conduite digne d’un enfant de la Vierge Marie.
L’Église d’ailleurs bénit ces objets de piété, en rappelant qu’ils ont pour rôle de nous rappeler l’Amour de Jésus-Christ et d’augmenter notre confiance dans l’aide de sa Mère, qui est aussi notre Mère.
Médaille miraculeuse
La médaille miraculeuse présente quatre spécificités. D’abord elle a été comme « dessinée » par la Vierge elle-même ! Celle-ci en effet en a montré la forme ovale, l’invocation à graver, son effigie à poser sur une face et au revers les motifs symboliques. De ce fait, la Vierge en a donné le contenu ; le message, explicite et implicite, de sa propre identité, sa Conception Immaculée, de sa coopération au salut donné par son divin Fils, et de sa maternité universelle.
Ensuite la Sainte Vierge en a donné le mode d’emploi : « Ceux qui la porteront avec confiance », on trouve là comme un écho des paroles de Jésus à la femme guérie après avoir touché son manteau : « Va, ta foi t’a sauvée ».
Enfin, la Vierge en assigne le but : recevoir de grandes grâces, nous rappelant ainsi la miséricorde de Dieu et la primauté de la vie spirituelle.
La Sainte Vierge attribue à sa médaille une efficacité particulière. L’Église a d’ailleurs toujours admis que l’on attribue à des reliques, à des statues, à des médailles, à des scapulaires, des miracles. Sainte Jeanne de Chantal n’a-t-elle pas été guérie miraculeusement en 1618 par l’imposition des reliques de saint Charles Borromée par les mains de saint François de Sales ?
Saint Maximilien Kolbe, en 1912, n’a-t-il pas sauvé son pouce droit de l’amputation par l’application d’eau de Lourdes ?
Certes c’est Dieu qui fait les miracles mais Il veut les faire, quelquefois, au moyen d’objets de piété bien matériels, par l’intercession de ses fidèles serviteurs, les saints, et sa Mère en premier !
Le message de la médaille est un appel à la confiance en l’intercession de la Sainte Vierge. Acceptons humblement de demander des grâces par ses mains !
Une fulgurante diffusion
Après les apparitions, Catherine connaît sa mission : faire frapper une médaille. Elle la confie au Père Aladel, lazariste. Pas d’écho. Nommée à Reuilly, un quartier pauvre de Paris, sœur Catherine se trouve au service des vieillards de l’hospice d’Enghien. Comme la voix intérieure continue d’insister, Catherine, un jour s’enhardit : « La Sainte Vierge est mécontente car vous ne l’écoutez pas » dit-elle au père Aladel. Saisi par cette admonestation, ce dernier se décide à agir et, avec l’accord de son supérieur, se rend en haut lieu. Surprise ! L’Archevêque de Paris, Mgr de Quélen, ne voit nul inconvénient à faire frapper la médaille demandée par la Vierge Marie.
Il exprime aussi le désir de recevoir l’une des premières.
En février 1832 éclate à Paris une terrible épidémie de choléra, qui fera plus de 20 000 morts. En juin, les premières médailles réalisées par l’orfèvre Vachette sont distribuées par les Filles de la Charité. Aussitôt guérisons, conversions, protections se multiplient. C’est un raz-de-marée. Le peuple de Paris appelle la médaille de l’Immaculée la « médaille miraculeuse ».
Les miracles provoquent des questions sur l’origine de la médaille. Une première brochure est publiée début 1834 par l’abbé Le Guillou, conseiller de l’archevêque de Paris. Enfin, le père Aladel se décide à écrire : La Notice paraît en août 1834.
Tirée à 10 000 exemplaires, elle s’épuise en moins de deux mois, la deuxième édition d’octobre disparaît plus vite encore, et la troisième…
En même temps se répandent des relations des miracles obtenus, des peintures, des gravures et des images qui illustrent l’événement. Mais sainte Catherine reste dans l’ombre et continue son service incognito. À sa mort en 1876, on compte plus d’un milliard de médailles.
Les bulles pontificales
En 1835, devant le « succès » de la médaille, Mgr de Quélen décide l’ouverture d’un procès canonique qui est confié au Chanoine Quentin, Vicaire général.
En effet, la reconnaissance officielle d’une apparition se fait habituellement par l’Evêque du lieu qui doit rencontrer personnellement le ou la voyant(e). Après quoi, s’il le juge à propos, il poursuit son enquête et la transmet au Saint-Siège via la Nonciature .
Or dans le cas de Catherine, toute cette procédure s’avère impossible car Mgr Quentin se heurte à sa volonté de garder l’anonymat et le silence. Le procès reste donc inachevé. En 1842, à Rome, Alphonse Ratisbonne, un jeune banquier juif alsacien s’est laissé convaincre par un ami de mettre la Médaille dans sa poche. Le lendemain, en l’église S. Andrea delle Fratte, la Vierge de la Médaille Miraculeuse lui apparaît. Sa conversion soudaine a un immense retentissement. Elle fait l’objet d’un procès canonique qui sera l’acte le plus officiel en la matière. La reconnaissance officielle des Apparitions de la Vierge Marie à Catherine s’est faite… grâce à la médaille elle-même !
En 1854, Pie IX dans la bulle « Ineffabilis Deus » définit le dogme de l’Immaculée Conception. Il semble faire une allusion voulue à la Médaille Miraculeuse en disant de Marie qu’elle était « apparue dans le monde, avec son Immaculée Conception, comme une splendide aurore qui répand ses rayons de toute part ». En 1894, Léon XIII approuve la messe de la fête Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, composée par les lazaristes. En 1897, Léon XIII accorde le couronnement de « la statue de l’Immaculée Conception dite de la Médaille Miraculeuse ». En 1947, après un procès qui comprend une enquête sur les apparitions, Pie XII déclare Catherine sainte.
Les témoins et …
Parmi ceux qui, les premiers, éprouvèrent l’efficacité de la foi à travers la médaille donnée par la Vierge Marie, on peut citer Mgr de Quélen qui, après une minutieuse enquête sur les faits affirmés, en devient un propagateur convaincu. Il obtient personnellement des guérisons inespérées.
Le Pape Grégoire XVI a la médaille à la tête de son lit.
En 1833, le P. Perboyre, lazariste, relate la guérison miraculeuse, attribuée à la médaille, d’un confrère. Une fois arrivé en Chine, où il mourra martyr en 1839, il distribue beaucoup de médailles et rapporte de nombreux miracles dans ses lettres.
En 1833, Frédéric Ozanam porte la médaille lorsqu’il fonde à Paris les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul.
Le plus enthousiaste encore fut peut-être le Curé d’Ars. Dès 1834 il fait l’acquisition d’une statue de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse et la place sur un tabernacle dont la porte reproduit le revers de la médaille. Le 1er mai 1836, il consacre sa paroisse à « Marie conçue sans péché ». Il devient un apôtre zélé de la Médaille, et distribue avec elle des centaines d’images sur lesquelles il marque de sa main la date et le nom de ceux qui se consacrent à l’Immaculée.
En 1843, M. Étienne, Supérieur des Lazaristes et des Filles de la Charité, évoque les apparitions comme source du renouveau des vocations et de la ferveur nouvelle qui anime les deux familles.
En 1845 un pasteur anglican John Newman, qui portait la médaille depuis le 22 août se convertit le 9 octobre. Il devient prêtre et cardinal.
Les apôtres de la médaille
Sainte Bernadette, à Lourdes, portait la médaille avant les apparitions de la Vierge, que l’on raconte à sœur Catherine en lui décrivant : « C’est la même » dit-elle.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus portait sur elle, au Carmel, la Médaille Miraculeuse.
En 1915 naît aux Etats-Unis, à Philadelphie à l’initiative du Père Joseph Skelly, l’Apostolat marial avec la Neuvaine perpétuelle de la Médaille Miraculeuse.
Une nouvelle impulsion est donnée à la diffusion de la Médaille Miraculeuse grâce au Père Kolbe. Ce franciscain, né en Pologne, est ordonné prêtre à Rome en 1919. Il veut célébrer sa première messe à San Andrea delle Fratte où l’Immaculée a converti Ratisbonne.
En 1917 il fonde la Milice de l’Immaculée, placée sous le patronage de la Vierge de la Médaille Miraculeuse, développe un journal marial, « Le chevalier de l’Immaculée » qui connaît un succès foudroyant. En partance pour le Japon en 1930, il traverse la France et se rend rue du Bac, à Lourdes et à Lisieux. Il distribue généreusement des médailles : « Ce sont mes munitions » dit-il.
Fait prisonnier au camp d’Auschwitz, il meurt martyr le 14 août 1941 en donnant sa vie en échange de celle d’un père de famille.
Aujourd’hui, des milliers de pèlerins passent rue du Bac chaque année. La multitude anonyme des apôtres de la Médaille Miraculeuse est répandue à travers le monde.